C'est au pied d'une grande montagne Que paissait en Espagne Un grand troupeau de bœufs Et ces bœufs avaient comme compagne Arrivant de Bretagne Une vache aux grands yeux On entend dire partout Que les bœufs n'ont pas de goût Cela ne tient pas debout Car ceux-là n'en manquaient pas du tout C'est à qui d' ces ruminants Etait le plus prévenant Avec un air plein d'innocence Ils la contemplaient en silence Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs aimaient la vache Mais la vache, ah ! la vache ! Elle n'en aimait aucun d'eux Quand les bœufs, quand les bœufs Quand les bœufs, quand les bœufs Quand les bœufs d'une jolie vache S'amourachent, s'amourachent Ça n'est pas très dangereux, Elle aimait un taureau Qu'elle avait vu à Bilbao Au marché aux bestiaux Oh ! ce taureau, qu'il était beau ! Avec ses jolies cornes en crocs Il avait un anneau Un bel anneau dans les naseaux Un joli p'tit museau Il était rond, il était gros C'était un beau taureau costaud Et elle rêvait, la vache, Nuit et jour du taureau Mais la vache qui manquait d'expérience Dit avec imprudence Qu'elle aimait un taureau L'un des bœufs dit : C' taureau, ma chérie Fait toutes sortes de vacheries C' n'est pas l' mâle qu'il vous faut Puis, il dit : Confidentiel Mais c'est un professionnel Il se fait payer d'ailleurs Toutes les fois qu'il accorde ses faveurs Et puis, ce qui est bien pis Chaque jour, de pis en pis Il va comme ça, de vache en vache Mais à aucune il ne s'attache Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs, tous les bœufs Le débinaient à la vache Et la vache, ah ! la vache ! Elle avait les larmes aux yeux Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs voulaient qu' la vache Se détache, se détache De ce gros taureau vicieux Ils disaient du taureau : C'est lui la cause de tous nos maux, Mettant tout sur son dos Lui attribuant de tels propos Que la vache pleurait comme un veau ! Mais le jour des Rameaux On la ram'na à Bilbao Au marché aux bestiaux Et son cœur battit aussitôt Qu'elle aperçut le beau taureau Car, malgré tout ça, la vache Adorait le taureau Ce jour-là, pour elle, quelle chance ! On les mit en présence Le taureau fut galant Il lui dit : Mais vous êtes jolie Je passerais bien ma vie Avec vous, mon enfant Elle répondit : Vous riez Vous faites un trop sale métier Et puis, on m'a dit d'ailleurs : Ce taureau, mais il n'a aucun cœur Alors, le taureau, furieux Dit en faisant les gros yeux : Ce sont les bœufs, réponds de suite, Qui t'ont dit ça ? Oui, fit la p'tite Tous les bœufs, tous les bœufs Tous les bœufs, tous les bœufs Dit le taureau à la vache Si j' me fâche, si j' me fâche ! J' vais en faire du pot-au-feu Mais les bœufs, mais les bœufs Mais les bœufs, mais les bœufs S'enfuirent tous comme des lâches Et la vache, ah ! la vache ! En riant se moqua d'eux Puis, doucement, le taureau Très sagement, lui dit ces mots : Si je change de boulot Je s'rais forcé, vois-tu, coco D'en faire un autre moins rigolo Tu comprends, mon trésor Pour moi, ce s'rait l' toréador Et l'affreuse mise à mort Alors, elle, sans hésitation Lui fit garder sa profession Et d'puis des années, la vache Tous les ans, a un veau