Qui sépare le mur du lierre Et le bon grain de l'ivraie ? Qui sépare demain d'hier Et le faux du vrai ? Qui sépare les gens qui s'aiment D'un seul cœur écartelé ? Qui sur cette plaie qui saigne Pose les scellés ? Qui sépare la colère saine Des fils du ressentiment, La jalousie de la peine, La noblesse des sentiments ? Qui sépare l'avoir de l'être La sauvagerie De l'amour et de sa lettre Si pauvre d'esprit ? Qui sépare les mères des pères ? Qui sépare l'huile de l'eau ? Qui sépare ce qu'on espère De ce que l'on vaut ? Qui sépare en trois la pomme Et l'enfant de ses parents ? Qui sépare ce que l'on donne De ce que l'on rend ? Qui sépare l'arbre du bois, Le radeau de l'océan, L'océan du ciel qui noie Son soleil dedans ? Qui sépare la Loi de l'Homme Quand il mange ses enfants ? Qui sépare ce qu'il ordonne De ce qu'il défend ? Qui sépare l'homme de la bête, La guerre de l'assassinat Les faux dieux des vrais prophètes Ici-bas, ici-bas ? Qui sépare les eaux du Styx, Les morts des vivants ? Qui sépare l'atome du vide L'être du néant ?