Quand tu passeras le pont, demain matin N'oublie pas de te pencher, regarde bien Elles sont revenues Dans les terres du centre Avec leur teint de cendre Et leur couleur de mer Elles sont revenues Et crient comme des folles Aux gamins qu'elles affolent Que c'est demain l'hiver L'hiver Quand tu passeras le pont, demain matin N'oublie pas, arrête-toi, regarde bien Elles sont revenues S'emmurer dans nos forts, Et les ponts de nos fleuves Ont des fièvres de ports Elles sont revenues Nous parler du grand large Nous parler du courage Des oiseaux migrateurs Qui ne restent pas sur place Quand la mort les menace Mais qui s'en vont ailleurs Quand tu passeras le pont, demain matin N'oublie pas, arrête-toi, regarde bien Et ne fais pas comme tous ces gens Qui longent les fleuves d'un pas pressé La tête dans les épaules Et qui, à force de regarder devant eux Nous disent encore que l'hiver est une saison morte Nous disent encore que l'hiver est une saison morte