Sylva Berthe

La voix de maman

Sylva Berthe


C'était un très gentil ménage 
Possédant un bébé charmant, 
Les parents avaient bon courage 
Et chacun travaillait gaiment. 
Lorsque rentrait la jeune mère, 
Ayant quitté son atelier, 
On entendait sa voix légère 
Chanter en montant l'escalier. 
Tendant les bras, l'âme joyeuse 
L'enfant s'écriait, toute heureuse 

C'est la voix de maman, 
C'est la chanson qu'elle aime, 
Nul ne peut qu'elle-même 
Chanter si gentiment 
Cette musique étrange 
Et ce refrain charmant 
Comme un chant de mésange, 
C'est la voix de maman ! 

Il n'est pas de bonheur qui dure 
Un jour, la mère s'alita 
Mais la vaillante créature 
A l'enfant cachait son état 
Pourtant, le soir, dans sa chambrette 
Priant avant de s'endormir, 
Qu'elle était triste, la pauvrette, 
Entendant sa maman gémir. 
Pleurant tout bas, l'âme en détresse 
L'enfant disait avec tristesse 

C'est la voix de maman, 
Chère maman que j'aime. 
Que je voudrais moi-même 
Endurer ton tourment, 
Dieu permettra l'échange 
Je l'implore ardemment 
Oh ! cette plainte étrange, 
C'est la voix de maman ! 

Bientôt l'enfant n'eut plus de mère 
Longtemps, son chagrin fut profond 
On essayait de la distraire 
Mais l'ennui pâlissait son front 
Son père alors fit mettre en place 
Cet appareil mystérieux 
Qui transmet à travers l'espace 
Les airs les plus mélodieux. 
Or, un beau soir, du haut des nues, 
Descendit la chanson connue 

C'est la voix de maman, 
C'est la chanson qu'elle aime. 
Nul ne peut qu'elle-même 
Chanter si gentiment 
Ces musiques étranges 
Qui, dans le firmament, 
Semblent venir des anges, 
C'est la voix de maman !