Renaud

Cheveu blanc

Renaud


Il est arrivé un matin d'novembreComme le messager du temps qui fout l'campJ'l'ai vu dans la glace au mur de ma chambrePlanté sur mon grand front intelligentTout seul au milieu d'une mèche bruneArborant très fier ses reflets d'argentComme un fantôme sortant de la brumeComme un arbre mort au jardin d'enfantsPutain d'cheveu blancPutain d'cheveu blancJ'ai crié : "Au secours, viens vite mon amourViens l'voir ce salaud avant qu'j'l'arracheRegarde le bien à la lumière du jourÇa fait une balafre ça fait comme un tâcheDemain à coup sûr débarquent ses p'tits frèresDans six mois peut-être on m'appelle Crin-BlancL'troisième âge arrive ça y est c'est l'hiverMoi qui croyait vivre l'éternel printemps"Putain d'cheveu blancPutain d'cheveu blancJ'ai beau m'répéter pour faire le braveC'proverbe imbécile qui m'amuse plus"La neige au grenier, le feu à la cave"J'ai l'impression qu'un oiseau m'a chié d'ssusJ'ai l'impression qu'la mort étale en riantUn manteau d'hermine sur ma pauvre têteOu que la faucheuse se fait les dentsAvant d'attaquer à la baïonnettePutain d'cheveu blancPutain d'cheveu blancOn a beau s'croire toujours adolescentPass'que nos gonzesses un peu miroPass'que les miroirs sont très indulgentsEt nos métastases toujours à zéroLe jour où t'hérites des ch'veux d'tes parentsT'as du mal à croire qu'à partir d'maint'nantLes filles vont craquer sur tes tempes argentSurtout si elles craquaient pas avantPutain d'cheveu blancPutain d'cheveu blancY a quand même pas d'quoi s'flinguer tu sais bienQu'y a des choses plus graves dans la vieJ'pourraisVoter socialiste, r'garder TF1Pis être abonné à VSDJ'pourrais croire en Dieu rouler en scooterPis j'pourrais avoir sous mes cheveux blancsUn cerveau d'sportif t'imagines l'horreurJ'préfèr'rais m'les couper j'parle évidemmentDe mes cheveux blancsMes putains d'cheveux blancPutain d'cheveu blancPutain d'cheveu blanc