Oh, mon amour, il ne faut pas me laisser Sombrer toute seule, quand vient la nuit, Dans les bas-fonds les plus retirés De ces rêves, où je t'oublie. Oh, mon amour, ne me laisse pas Rêver de toi, quand je m'ennuie Car un autre vient m'arracher à tes bras Et me jeter sur un lit de perles. Mais je n'veux pas de cet homme -là, Ni de ce lit qui me sourit Et toutes ces perles qui tombent à terre Ca me fait peur, j'ai peur, oui, Mais je rêve encore. Il ne faut pas me laisser Sombrer toute seule, quand je m'ennuie, Dans les bas-fonds, les plus secrets, De ces rêves où je t'oublie. Oh, mon amour, ne me laisse pas Me faire exécuter par ce soldat Qui s'apprête à percer ma poitrine De trois toutes petites balles en fer blanc. Mais il s'approche lentement de moi Et il décroche un grand coutelas Qu'il plante en moi, dans mon coeur qui bat, Ca me fait peur, je meurs, oui, Mais je rêve encore... Il ne faut pas me laisser Sombrer toute seule, quand vient la nuit, Dans les bas-fonds les plus retirés De ces rêves, où je t'oublie. Oh, mon amour, viens avec moi Dans mon sommeil, je t'ouvre les bras Pour que tu m'y rejoignes enfin, Au creux de mes songes de petit matin. Et même si tu te noies dans la mer, Un éléphant volant, fendant l'air, T'apporte à moi, quand les chiens aboient, Te voilà dans mes bras, te voilà Mais je rêve encore... Oh, mon amour, il ne faut pas me laisser Sombrer toute seule, quand vient la nuit, Dans les bas-fonds les plus secrets De ces rêves, où je t'oublie. Oh, mon amour, toi, n'oublies pas Oh, non, n'oublies pas de veiller sur moi. Car à force de rêver toute éveillée, Il faudra bien me rêver, oui, me rêver, Oui, me réveiller.