De vaines étincelles sur le fleuve éternel L'imminence est terrible Et je pleure l'éminence du terrible Ce qui m'anéantit - d'où vient ma haine de la vie Leur mort, ma mort et l'oubli Blotti au creux de ma luge fatale Sur l'inexorable pente de l'existence Je dévale impuissant ces coteaux de la vie Qui me mènent où celle-ci finit Happé par le sens de ce qui passe C'est à la paralysie du désespoir que s'expose ma face! Car je ne suis pas un être du présent Mais un être qui pressent la tragédie du temps Au-delà de l'instant Quel malheur! Cruelle sensibilité Dans l'individuel incarnée Lorsque l'être n'est qu'un instant fugace, irréel S'évanouissant dans l'insensible marche du ciel De vaines étincelles sur le fleuve éternel Prisonniers du lien charnel De son expression conflictuelle Face à ses pairs - tel l'enfant Qui par pudeur craque et se défend Face à ses pairs - le rejeton bredouille Lorsqu'il s'agit d'y voir plus clair Sur ce qui constitue sa propre chair Mais rien n'y fait, la clarté de l'amour ne fait sens Qu'avec le recul et sa bonne distance Innocents que nous sommes de nos souffrances Sachez que l'hiatus est dans la naissance Le véritable tourment demeure l'existence De vaines étincelles De bien vaines étincelles Sur le fleuve éternel