Nicolas Bacchus

J'ai essayé

Nicolas Bacchus


J'ai essayé les filles
Les belles, les gentilles
Les "dentelles et résilles"
Celles qui se maquillent
Les citron et vanille
Et pas de réaction

J'ai tenté les garçons
Les râblés, les mignons
Les "marcel et caleçon"
Les nus sous l'édredon
Les maigres, les poupons
Et puis, on se rhabille

J'ai soufflé des jupons
Et offert des jonquilles
J'ai posé des jalons
Dans les belles-familles
Dégrafé les boutons
Et ôté les mantilles

Mais face à l'inaction
D' Cupidon qui roupille
J' suis passé au bourbon
Et au vin qui pétille
Jusqu'à la camomille
À prendre en décoction

La chair est triste, hélas !
Et j'ai eu toutes les ivresses
Avec d'improbables ogresses
La chair est flasque et lasse
Au moment où les corps se pressent
Au moment de la passe
Au moment de la tasse

Le marin, le pompier
Même le policier
L'uniforme lustré
Et la jupe plissée
Le treillis tacheté
Je ne sais plus que faire !

La blouse d'infirmière
La pantoufle de vair
La nonne hospitalière
Dont l'habit reste ouvert
Et l'hôtesse de l'air
J'ai tout inventorié

J'ai fait des scénarios
Des safaris-photos
Des dress-codes à gogo
Dans des donjons crados
De multiples trios
Attaché dans le noir

J'ai fait les urinoirs
Le métro, la baignoire
La nuit sur les boulevards
Et même l'aérogare
Ça paraît sans espoir
Je repasse au porto

La chair est triste, hélas !
Et j'ai eu toutes les ivresses
Avec d'improbables drôlesses
La chair est flasque et lasse
Au moment où les corps se pressent
Au moment de la passe
Au moment de la casse

Bien sûr, je baise de temps en temps
Bien sûr, j'ai des rêves d'amants
C'est vrai, ah bah ! C'est vrai
Qu' vous avez de jolies dents
Mais, que voulez-vous y faire ?
Bien sûr, les plaisirs de la chair
Quand elles ont de belles manières
Savent quelquefois me défaire
Mais la plupart du temps
Je suis bien peu bandant

J'ai tenté le franc-jeu
Sur un divan moelleux
Le marabout ruineux
Le docteur adipeux
Et les pilules bleues
Et les gélules roses

Et après les hypnoses
Et la métempsycose
Pour guérir l'andropause
L'exorcisme s'impose !
Ce fut l'apothéose
Mais pas miraculeux

J'ai touché du boucher
Et de la charcutière
Mâchouillé du pépé
Et de la vraie rombière
Idiots attardés
Et ados pré-pubères

J'ai fait dans l'étranger
Le voyage d'affaires
Le Birman potelé
La Bulgare sincère
J'en sortis sans succès
Mais plein de somnifères

Hélas !
Au moment de la chasse
Au moment de la place

Je ne regarde plus
Que mes pieds dans la rue
Ni les photos de nus
Ni les bras dévêtus
Ni la courbe des culs
Ni la bosse des fesses

Je n'ai plus de réflexes
Tout me laisse perplexe
Je ne garde du sexe
Dans un coin de kleenex
Que l' souvenir complexe
De ceux qui m'ont ému