Je suis orphelin de père et de mère connus Dans aucun des deux, jamais, je ne me suis reconnu Mais bien qu' je sois pas d' la même graine Ben, je les aime bien quand même J'aime papa, maman, cousin François, tante Albertine Grand-mère Augusta qui faisait si bien la cuisine Mémé chiffon qui faisait l' ménage pour trois francs d' l'heure Grand-père le zouave qui lutinait la main d' ma sœur J'aime papa, maman, tonton Julien et même en prime Tous les amoureux de c'te sacrée tante Albertine J'ai tout aimé de c' qu'on m'a forcé à aimer Même que j'avoue modestement, Comme disait l' curé de maman, Que je m'aime bien de temps en temps Je suis orphelin de père et de mère tradition Qui ont toujours eu peur que j' fasse un jour honte à leur nom Bien que j'aie changé mon nom d' baptême Ben, je les aime bien quand même J'aime papa, maman, cousin François, tante Albertine Grand-mère Augusta qui faisait si bien la cuisine Mémé chiffon qui faisait l' ménage pour trois fois rien Grand-père le zouave qui avait fait la guerre du Tonkin J'aime papa, maman, tonton Julien et même en prime Tous les amoureux de c'te sacrée tante Albertine J'ai tout aimé de c' qu'on m'a forcé à aimer Même que j'avoue modestement, Comme disaient les profs à maman, Que je n' serai jamais Montherlant Je suis orphelin de père et de mère malheureux Qui n'ont pas eu d' pot d' mettre au monde un canard boiteux Et bien qu' je sois d'une autre graine Eh bien, ils m'aiment bien quand même Tous, papa, maman, cousin François, tante Albertine Grand-mère Augusta qui m' faisait si bien la cuisine Mémé chiffon qu'est morte, un soir, d'un lumbago Grand-père le zouave qui est mort un soir dans un bistro J'aime papa, maman, tonton Julien et même en prime Tous les amoureux de c'te sacrée tante Albertine J'ai tout aimé de c' qu'on m'a forcé à aimer Même que j'avoue modestement, Comme disait mon père à maman, "Y vaut rien mais c'est notre enfant"