Michel Jonasz

Les fourmis rouges

Michel Jonasz


Quand y aura plus sur la terre que du beurre fonduAvec le dernier soupir du dernier disparu,Dernier boum d'la dernière guerre,Dernière ville sous la poussière,Et dernier espoir perdu.Ce chemin vert sous les arbustes est protégéPar les premiers soupirs des tout premiers baisers,Premier mot d'la première heure,Première minute de bonheur,Premier serment partagé.Tu t'rappelles on s'était couchéSur un millier de fourmis rouges.Aucun de nous deux n'a bougé.Les fourmis rouges.Est-ce que quelque chose a changé ?Couchons-nous sur les fourmis rougesPour voir si l'amour est restéEt voir si l'un de nous deux bouge,Couchés sur les fourmis rouges.Tu n'auras jamais peur du vent qui souffle ici.Pour les scorpions te fais pas d'soucis.Les mauvais chagrins d'hierLes orties dans les fougèresQuand on s'aime ils nous aiment aussi.Ce chemin sous les arbustes nous connaît bienDe nos tout premiers rires c'est le premier témoinRefuge de la dernière heureEt dernière tâche de bonheurAux premiers signes du destinTu t'rappelles on s'était couchéSur un millier de fourmis rouges.Aucun de nous deux n'a bougé.Les fourmis rouges.Est-ce que quelque chose a changé ?Couchons-nous sur les fourmis rougesPour voir si l'amour est restéEt voir si l'un de nous deux bouge,Couchés sur les fourmis rouges.