Jean Ferrat

Une femme honnête

Jean Ferrat


Vous allez ma fille voguer vers CythèreMais j'ai le devoir de vous avertirPuisqu'il faut parler de choses vulgairesEvoquant les feux qui vous font frémirEvoquant les feux qui vous font frémirUne femme honnête n'a pas de plaisirQu'elle soit couchée ou genoux en terrePoint d'égarements en puissants soupirsEn cris émouvants "Ah je vais mourir"Prise de cent mille ou d'une manièrePrise de cent mille ou d'une manièreUne femme honnête n'a pas de plaisirAssaillie devant brisée par derrièreSi vous vous sentiez prête à défaillirSongez à l'enfer songez aux martyrsC'est en revivant ce qu'ils ont souffertC'est en revivant ce qu'ils ont souffertQu'une femme honnête n'a pas de plaisirMonsieur le curé le disait naguèreA la frêle enfant en proie au désirOn peut succomber mais ne point faillirMême en se livrant aux joies solitairesMême en se livrant aux joies solitairesUne femme honnête n'a pas de plaisirCédant aux folies d'autres partenairesS'il vous arrivait de vous divertirEn brisant les liens que l'hymen inspireSachez qu'au sein même de l'adultèreSachez qu'au sein même de l'adultèreUne femme honnête n'a pas de plaisirEt si votre époux glacé de colèreEperdu d'amour et fou de désirVous criait un jour "On dirait ta mère!"Ce beau compliment devrait vous réjouirCe beau compliment devrait vous réjouirUne femme honnête n'a pas de plaisir