De son gilet, de son chapeau Il fit sortir des rois, des dames Des valets, des as en troupeau De son gilet, de son chapeau J'en eus des frissons sous la peau Il fit sortir des rois, des dames Parmi les rubans, les drapeaux Qui s'échappaient de son chapeau D'ores et déjà la foule applaudissait «Bravo ! Mais c'est extraordinaire, J'avais vu ce numéro en dix-neuf cent cinquante-quatre À Cannes. Vous allez voir, c'est inouï !» De mon chapeau, de mon gilet Il fit jaillir mon portefeuille Mon mouchoir, mes gants et mes clefs De mon chapeau, de mon gilet J'en avais la chair de poulet Il fit jaillir mon portefeuille Parmi les rires, les quolibets Qui s'échappaient en chapelet D'ores et déjà la foule trépignait «Mais c'est inouï Mais c'est absolument extraordinaire ! Vraiment, il est sensationnel Avouez, oh ! C'est inouï !» Prenant plaisir à m'affoler Il a décroché mes bretelles Et devant mon air désolé Prenait plaisir à m'affoler Pas besoin d'être bachelier Pour deviner que sans bretelles Un pantalon, c'est régulier, Finit toujours sur les souliers D'ores et déjà la foule suffoquait «Oh ! Mais c'est absolument extraordinaire Mais regardez c'pauv' type ! Oh ! Et la ch'mise, la ch'mise ! Oh, c'est inouï !» Et je revins à mon fauteuil Sous la risée que je déchaîne Sans argent, sans clefs, sans orgueil Et je revins à mon fauteuil Sans mouchoir et la larme à l'œil Traînant ma défroque à la traîne Du spectacle j'ai fait mon deuil Car on m'avait pris mon fauteuil ! Mon fauteuil ! Mais c'était à moi, c'fauteuil ! Mais c'est mon fauteuil, ça ! Oh, ben oh, mon fauteuil ! Pardon, Monsieur, la sortie, s'il vous plaît ? Merci