Charles Trénet

Giovanni

Charles Trénet


Giovanni, qu'as-tu vu aujourd'hui ?Giovanni, qu'as-tu vu, mon petit ?"J'ai vu près des rochers une dame si jolieQue tout d'abord j'ai cru rêver."Giovanni, était-elle dévêtue ?"En manteau de dentelle, presque nue.Ses yeux étaient plus doux que le ciel d'Italie.Elle m'a fait signe de m'approcher."Que s'est-il passé entre vous ?Que s'est-il passé, dis-le-nous ?Giovanni, ne mens pas. Dis-nous la vérité."Nous avons bavardé puis nous avons chanté."Giovanni, l'as-tu prise dans tes bras ?S'est-elle sentie conquise, mon p'tit gars ?"Oui. Nos deux cœurs battaient, battaient à la folie.Jamais je n'avais aimé comme ça !"Ne croyez pas à cette histoire.Giovanni est un inventifQui s'amuse comme ça à faire croireDes rêves insensés à des marins naïfs.Le soir venu quand tout repose,Il a son cercle d'auditeurs.Giovanni dit d'étranges chosesA ses copains marins, pêcheurs.Le temps qui passe pourtant l'a changé.Giovanni a vingt ans, l'cœur léger.Un jour qu'il flâne un peu au fil du bleu rivage,Il voit soudain, dans la clarté,Une femme aux yeux de ciel éblouis,Une femme si nue, si belle, tout près d'lui,Qui lui murmure tout bas :"J'attendais ton bel âgePour d'venir ta réalité..."Que s'est-il passé ce jour-là ?Que s'est-il passé je n'sais pas,Mais il est bon tout d'mêmeDe dire enfin je t'aime,Sans mentir désormais aux autres et à soi-même."Giovanni, qu'as-tu vu tout à l'heure",D'mandaient le soir marins et pêcheursMais lui, ne songeant plus à la belle du rivage,Répond : "Amis, ce jour fut perdu.Aucun visage d'amour n'est venu.La plage était déserte, j'n'ai rien vu,Rien vu..."Giovanni... Giovanni...