Un mot amène un autre Et d'un incident futile On fait une énorme faute Qui met l'amour en péril Tout nous remonte en mémoire Le ton monte jusqu'au cri Et de très vieilles histoires Reviennent sur le tapis Aveuglé par la colère Ne pouvant se tenir Chacun pleure sa misère Chacun se dit un martyr Et les choses s'enveniment Nul ne veut faire un effort Les deux se disant victimes Hurlent de plus en plus fort Quand soudain les larmes perlent On se mouche bruyamment Et l'on repart de plus belle Les yeux injectés de sang La dispute, la dispute Atteint des points culminants C'est la guerre, c'est la haine Les mots portent des coups bas Et vole la porcelaine Et crie le voisin de en-bas On marche de long en large Prenant un plaisir malin A commencer le partage De tout ce qui nous revient Au sommet de cette crise En s'évitant du regard On aligne ses valises En vue de ce grand départ Mais qu'il parle ou bien qu'il reste Chacun veut, c'est évident Le cadeau de l'oncle Ernest Le chien et l'appartement Affolés à bout de forces De vaisselle et d'arguments On ne voit que le divorce Pour régler le différent La dispute, la dispute Soudain fait grincer des dents Les assaillants face à face S'inventent mille défauts J'en oublie et puis j'en passe Des reproches et des mots Le jour peu à peu décline Et les forces en même temps les adversaires ruminent Boudent silencieusement Pour être enfin raisonnables Et se quitter en bons amis Les ennemis passent à table Manger de bon appétit N'ayant plus rien à se dire Tête basse on reste là Puis on baille et se retire Et se glisse dans les draps Dans le noir les doigts se touchent Et les mots sont superflus Ses lèvres trouvent sa bouche Et l'amour prend le dessus La dispute, la dispute Tout à coup a disparu