Yann Tiersen

La Noyée Il

Yann Tiersen


Tu t'en vas à la dérive 
Sur la rivière du souvenir 
Et moi, courant sur la rive, 
Je te crie de revenir 
Mais, lentement, tu t'éloignes 
Et dans ma course éperdue, 
Peu à peu, je te regagne 
Un peu de terrain perdu. 

De temps en temps, tu t'enfonces 
Dans le liquide mouvant 
Ou bien, frôlant quelques ronces, 
Tu hésites et tu m'attends 
En te cachant la figure 
Dans ta robe retroussée, 
De peur que ne te défigurent 
Et la honte et les regrets. 

Tu n'es plus qu'une pauvre épave, 
Chienne crevée au fil de l'eau 
Mais je reste ton esclave 
Et plonge dans le ruisseau 
Quand le souvenir s'arrête 
Et l'océan de l'oubli, 
Brisant nos coeurs et nos têtes, 
A jamais, nous réunit