Voici qu'l'air et le temps Racontent des histoires De marins comme la mer En a roulé beaucoup Les fantômes n'ont plus De cordes à se mettre au cou Alors ils vont rêver Assis au pied d'un phare Sur le rocher mouillé - é - é Ils m'ont fait une place Et je me suis assis Nous avons bu longtemps Dans les mêmes tonneaux Quand j'ai voulu r'partir J'me suis trompé d'bateau Et j'me suis planté là A écouter sa vie A l'écouter parler - é - é Je suis le sexe de la mer Et je me plante au firmament Tous ces bateaux qui vont paraître Tu vois, sont un peu nos enfants J'en ai connu des filles saoûles Qu'avaient l'écume au fond des yeux Je faisais l'plein de mes ampoules Et dans la nuit j'y foutais l'feu J'ai vu Colomb faire sa croisière Quand j'étais haut comme trois choux Tu vas penser que j'exagère T'auras raison et je m'en fous Tu sais l'barbu en quarantaine L'exilé qui dort à Paris Pour dénombrer ses capitaines Et bien c'est là qu'il s'est assis Ah ! J'crois qu'j'entends sonner le jour Il va encore s'foutre de ma gueule J'vais arrêter là mon discours Préviens demain si tu t'sens seul Et je suis reparti vers mes quartiers d'hiver Pendant qu'une dernière fois Y f'sait d'l'oeil à la nuit Un phare quand on l'écoute C'est fou tout c'que ça dit Tandis que son regard caresse Le ventre de la mer Et des vagues pressées - é - é Le jour m'a paru fade Et le soleil éteint Le pauvre il fait c'qu'y peut Faut pas être méchant Je suis rentré chez moi Sans trop savoir comment Par une nuit sans lune J'm'étais fait un copain