Un jeune homme a l'allure sauvage Jadis prophète et magicien Se promène le long du rivage De l'étang où se joue son destin S'il rencontre la fée de ses rêves Il lui livrera tous ses secrets Il sait que l'entrevue sera brève Elle l'enfermera à tout jamais Soudain telle une biche qui brame Attirant les regards indiscrets Sur le lac se reflète une dame Vêtue de la brume des forêts A cette vue le délire s'empare Un pauvre hère avide d'amour Dans les songes, sa lyre s'égare Impossible de fuir, il lui fait la cour Le gueux n'ose mordre ses lèvres Car il craint fort de s'éveiller Et devoir au petit matin mièvre Dire adieu à ce monde enchanté Il est au près de celle qu'il aime Cette jouvencelle tant rêvée Elle lui a causé bien de la peine Il lui arrache sa liberté Belle fée, pardonnez mon outrage Si hier mes yeux n'ont su vous charmer Aujourd'hui ils retiennent l'orage Mes yeux ne sont-ils bons qu'à pleurer ? Souvenez-vous ces princes naguères, beaux parleurs et gentils cavaliers Qui furent-ils pour marquer votre chaire laissant votre âme à jamais souillée Si par le ciel je ne suis point digne d'émouvoir un instant votre cœur Daignez répondre d'un simple signe, j'implore une dernière faveur Un filtre a volé ma raison, je ne peux quitter votre visage Je veux mourir en votre prison, me noyer en contemplant votre image