Ayant peint les océans, l'Himalaya, l'Amazone Fatigué d'avoir vu grand, Dieu créa le bleu Léman Par-dessus la Dent-de-Jaman, des côteaux charmants où l'oiseau fredonne Et d'un trait un peu nonchalant - quel joli talent - la Venoge évidemment Il ajouta des forêts, des champs de blé, des prairies Et surtout, trait de génie, de la vigne pour le clairet Quand tout fut au point, bien que mort de fatigue Il décida, prodigue, d'aller un peu plus loin C'est ainsi ma foi que la tête un peu lourde Et les mains un peu gourdes, Dieu créa les Vaudois Quand on se voit franchement, nous Vaudois de vieille souche De race, de tempérament, on se demande comment Le bon Dieu, qui ne passe rien, laissa dans ses mains passer sans retouches Ce mélange d'épicurien, de Mérovingien, de bien-pensant, de Latin ! Eh bien, c'est simple ! Au moment de donner l'effort suprême Dieu dans sa fatigue extrême avait perdu son élan Il prit à tâtons dans son armoire immense Les gènes, les essences, l'argile et le plancton Et brassant le tout il obtint, sans parole, Cette pâte un peu molle mais qui avait du goût ! Hélas ! Un peu somnolant, il oublia les épices Poivre et autres condiments - d'où notre côté gnangnan Mais par contre, fort heureus'ment, il mit du sel fin, d'où notre malice De la graine de fleurs des champs, bleue évidemment, d'où nos jolis sentiments De la graine de souci et des herbes de Provence De là notre nonchalance et notre inquiétude aussi ! Quand un Vaudois dit "Agissons, l'heure est grave !" On lui répond "Gustave, finissons ce demi ! On a bien le temps, c'est du pareil au même, On arriv'ra quand même ensemble au nouvel an !" Dans ce pays enchanteur mais réduit par ses montagnes Parmi les vergers en fleurs, a-t-on besoin de grandeur ? Nous avons Eugène Burnand qui sut joliment peindre nos campagnes Et Doret qui sut par ses chants charmer nos instants, ça nous suffit largement ! Il faut pas trop d'émotions, un Ramuz nous indispose Et même un Jacques-Dalcroze, ils ont trop d'inspiration ! On est ce qu'on est, quand on a trait sa vache Comme on est sans panache, on se taille un plumet Ouvrant l'aile au vent et l'ouvrant tout entière Quand on a bu son verre, on s'élance en avant ! Car notre joli vin blanc sait dénouer nos complexes Chacun s'affirme en gueulant contre le gouvernement Au moment où l'on est fin prêt... la servante rit. Hommage au beau sexe On lui pince un peu les... mollets - Tiens voilà Chollet ! Rapportez-en trois, bien frais ! On est bien, on est chez nous. Indulgence, tolérance On voudrait sauver la France ! La bouteille fait glou-glou On est comme on est. Les amis, la verdure La fondue, la friture, le dimanche au chalet On est pour la paix, car on a des principes On est des tout bons types. Canton de Vaud, respect !