Tachan Henri

Notre Train

Tachan Henri


Il faudra bien qu'un jour, 
Au cadran de nos montres, 
Il faudra bien qu'un jour 
Enfin l'on se rencontre, 
Sur le même chemin 
Et vers la même gare 
Et dans le même train... 

Nous marcherons longtemps 
Dans un désert de dalles 
Feutré et transparent, 
Dans une cathédrale, 
Sous une voûte immense 
Eblouie de vitraux 
Tapissée de silence... 

Il y aura du gazon 
Sur les quais, des clairières, 
Du vent doux à foison, 
Sur les rails des rivières, 
Des bosquets, des sous-bois, 
Des champs de primevères 
Blanches entre les voies... 

Deux tous petits enfants 
Debout à la portière, 
Un curé de village 
Ronflant sur son brévière 
Et, vers nous souriant, 
Une vieille proprette 
Au coquet chignon blanc... 

J'embrasserai enfin 
Ta bouche et ton visage 
Et tes cheveux tiédis 
Et au premier matin 
Nous resterons blottis 
Contre les paysages 
Enflammés des chemins...