Tachan Henri

La Tendresse

Tachan Henri


C'est un air de flûte, la nuit, 
Qui s'enroule au cou des brebis, 
La tendresse, 
Un vieux bouquin parcheminé 
Qu'on lit devant la cheminée, 
La tendresse. 
C'est la colombe encore vaincue 
Qui fait pourtant le pied de grue, 
La tendresse, 
Ce bel oiseau blanc déployé 
Quand le désir est empaillé, 
La tendresse... 

C'est quatre notes d'un piano 
Qui, bêtement font le coeur gros, 
La tendresse. 
C'est cette brute qui, soudain, 
Éclate en sanglots dans ses mains, 
La tendresse. 
C'est, sur le quai de cette gare 
L'émigrant qui cherche un regard 
De tendresse. 
Derrière les murs d'un lupanar, 
C'est ce petit ticket d'espoir, 
La tendresse... 

C'est bien moins haut qu'votr'e Paradis, 
C'est tout au fond du ventre enfoui, 
La tendresse. 
Ça s'apprivoise comme un renard, 
Heure après heure, vingt ans plus tard, 
La tendresse. 
C'est ce qu'on avait en naissant 
Lorsque l'on était innocent, 
La tendresse. 
C'est tout ce qui reste encore 
Pour faire un pied d'nez à la Mort, 
La tendresse.