Sylva Berthe

Le joli fusil

Sylva Berthe


Ma mère, il faut que je vous dise
Que le gars Jean-Pierre, un matin
Me rencontrant près de l'église
M'emmena chasser le lapin.

Les belles manières de ce jeune homme
Je l'avoue, me plaisaient beaucoup.
C'est pourquoi j'acceptai. En somme
Qu'est-ce que je risquais ? Rien du tout.

Moi, je portais la carnassière
D'un petit air hardi
Et lui portait en bandoulière
Son joli p'tit fusil.

Ce fusil à deux coups, ma mère
Etait un merveilleux objet
Que lui avait acheté son père
A sa naissance, à ce qu'il paraît.

Comme je suis très curieuse
Et que j'adore tout savoir
Je lui dis : "Je serais heureuse
Si tu voulais me le faire voir."
Alors, le galant, pour me plaire, 
Le sortit d'son étui.