Devant le resto des hommes qui mangent seuls Y'a deux trottoirs l'un à l'ombre et l'autre au soleil Y'a le choix ou y'a pas J'habite sur la frontière comme le fil d'un rasoir J'y aiguise mon envie de changer de côté Mais j'ai pas encore choisi lequel était bon pour moi Peut-être ni l'un ni l'autre, je suis les pointillés A un moment c'est sûr que je vais basculer J'ai peur de choisir, peur de pas en revenir Je vois de chaque côté des processions des enterrements Trois trompettes derrière et personnes pour pleurer Faut garder ses larmes pour soi en cas de besoin Quand la vie réclamera son tribut Pour une vieille histoire de pomme et de serpents Sur le fil j'écarte les bras je ne bouge pas Je reste là, je suis pas prêt de m'envoler Il n'y a ni bien ni mal Je me suis jamais senti si bien Je me suis jamais senti si mal J'en sais rien Je m'en fout Je goûte ma soupe à la grimace au resto des hommes qui mangent seuls Qui n'a jamais connu le rire des femmes Le rouge au bord d'un verre ou la delicate musique d'un cristal qui s'entrechoque Et je regarde mon assiette et le serveur enlève l'autre Pour qu'on soit sûr que je n'attends personne Dans la rue les gens vont par deux Et moi je valse et tangue avec ma gueule dans la vitrine Dans le resto des hommes qui mangent seuls