Renaud

Devant les lavabos

Renaud


Elles s'en vont toujours par deuxAvant le dîner, discrètes,Pour se recoiffer un peu,Pour s'échanger en cachetteQuelques potins, quelques aveuxQuelle est la raison secrèteDe cet exil mystérieuxQui les retient au petit coin ?Nos gonzessesDevant les lavabosSe repoudrent le bout du nezSe font les lèvres ceriseNos gonzessesSous les néons pas beauxEn dégrafant négligemmentUn bouton de leur chemiseElles se retournent dans le miroirPar-dessus leurs épaulesPas très rassurées pour voirSi par malheur ou par hasardLeur joli cul n'aurait pas disparuPuis innocentes mais la tête hauteElles nous reviennent enfinParfumées comme pour un autreNos gonzessesDevant les lavabosEst-c'qu'elles parlent de moi, de nous ?Est-c'qu'elles disent des gros mots?Nos gonzessesSous les néons pas beauxFont semblant de se laver les mainsQu'elles ont blanches comme du bon painUn beau jour elles disparaissentSans laisser d'adresseA peine un petit motSur le miroir du lavaboDe leur rouge à lèvres souventElles écrivent en lettres de sangSimplement "Adieu salaud"C'est vrai qu'il n'y a pas d'autres mots