Approche ton fauteuil du mien, Tire les rideaux. Il y a des crêpes au sarrasin Et du vin chaud. J'ai débranché le téléphone, La porte est verrouillée. Ce soir ne viendra plus personne, Nous sommes bien cachés. Mon vieux fusil est bien en place Là-haut dans le grenier. De là je vise droit en face L'orée de la forrêt. Pas un souffle dans les feuilles N'éveille le jardin, Et aux abois devant le seuil Veillent nos chiens. La pendule s'est arrêtée De battre la cadence. Quand l'oreille s'y est habituée, On entend le silence. Est-ce l'été, est-ce l'hiver Sous ce méridien? Est-ce la paix, est-ce la guerre? Ce soir je n'en sais rien! Si c'était la fin du chemin, Notre dernier jour... Allons! Finissons donc le vin Et le pommes-au-four! Approche ton oreiller du mien, Essaye d'imaginer Qu'il nous reste jusqu'à demain Pour nous aimer !