J'ai comme une sale impression de doute Une sale commune impression de coûte que coûte Je sens qu'on m'attend au tournant, je sens qu'on me guette Je sens fuir le temps, je sens le doigt plier sur la gâchette Sous le poids d'une pression tenace Trop de choix qui se feront à pile ou face Trop d'avis contraires et trop de chiffres à recompter Trop de choses à faire avant de vous laisser monter J'ai comme une sensation de déroute Une virulente appréhension de banqueroute De mise en demeure, d'effondrement, de soumission J'pressens la douleur d'une sentence à vie sans rémission Sous le poids des dégénérescences Trop de nous qui sombrons dans la complaisance Trop d'pieds dans l'ciment et trop peu de bonne volonté Si peu d'éléments sur lesquels on peut influer Mais qu'à cela n'tienne, j'monterai dans l'train qui va passer Le prochain qui m'emmène, peu importe où j'aboutirai À la croisée des ch'mins, dans un cul-de-sac ou au sommet Du Glacier des Chagrins, sur le pont des Si, chez les Ouimais Que l'envie me vienne d'aimer, d'haïr ou d'ignorer La vie, la mort, les peines et les petites joies bigarrées J'me débarrasse du contre, j'mets l'feu aux poudres et aux planches Et j'reste avec l'idée qu'chez nous c'est tous les jours dimanche J'ai comme une incision dans la voûte Comme une balle perdue rencontrée sur ma route J'attire les voleurs de bonne foi et de compassion J'aspire les malheurs par quelque noble élan d'aliénation Sous le poids de fatales ignorances Trop de voies condamnées par la Providence Trop pressé de faire advenir quatre volontés Trop tard pour se taire et trop sérieux pour en parler Y'a de la grisaille, c'est demain la veille Fermez les yeux, bouchez vos oreilles Deux cheveux nous tiennent encore à quelque chose Quoi qu'il advienne, ce n'sera sûrement pas rose Un tas d'ferraille brûle au soleil Faites un grand vœu, videz votre bouteille Deux cheveux nous tiennent encore à cette forme de vie Quoi qu'il advienne, ce sera forcément pas joli C'est l'heure de traverser le pont L'heure de s'éveiller pour de bon C'est demain la veille