Claude Nougaro

Clodi Clodo

Claude Nougaro


Litron dans la poche, traînant la galocheVoici que s'approche le clodoTous les quinze mètres, minute, il s'arrêtePour visser sa tête à son goulotSur un banc bien stable de l'avenue JunotIl se met à table, sort son livarotEt malheur aux mouches, qui ont l'eau à la boucheIl fait toujours mouche, il les tue d'un rotClodi ClodoEnsuite il allonge sa carcasse et plongePlein comme l'éponge l'est de l'eauDans une ronflette avec sa liquetteHors de sa braguette anti-pornoCar pour lui le sexe, c'est plus qu'un tuyauFait pour qu'on déverse du champagne chaudCar pour lui, la femme, c'est plus au programmeDe sa vie d'infâme chiqueur de mégotsClodi ClodoA part cette garce, harnachée de crasseDont la seule grâce, le seul joyauC'est qu'elle semble faite pour payer les fêtes,Sauciflard, baguette, tord-boyauxParfois il l'entraîne voir couler le flotDu fleuve la Seine au pont MirabeauQuand la lune, jaune camembert, se donneSes airs de madone d'avant ApolloClodi ClodoSoyons bonne poire, versons un pourboireDans la patte noire du clodoPendant que tout foire, lui sur la mer NoireDe son rouge pinard, ho hisse et hoIl craque et titube comme un vieux rafiotEn gueulant un tube de tuberculoLitron dans la fouille, traînant sa gadouilleIl part en quenouille dans l'avenue JunotClodi ClodoClodi Clodo