Il s'appelait Paul, il était gros, des tonnes de blagues dans son dos Deux gros yeux ronds comme des mappemondes, les cheveux frisés avant tout l'monde Il habitait une p'tite maison, avec pas de père et une Manon Qu'était sa mère et travaillait, comme une mère pour son garçon Quand il arrivait à l'école, dans ses vêtements de charité On riait fort, on l'trouvait poche, un peu d'niaisage avant la cloche Y'en savait plus que la maîtresse, sur le sarcasme et la détresse Il laissait les autres faire et dire, en s'éloignant dans un sourire Un jour à la récréation, Paulo court dans ma direction Quand j'dis qui court, mettons qui marche, le souffle court il en arrache Il m'dit : veux-tu être mon ami ? Viens donc chez-nous après-midi Personne nous avait remarqué, j'sais pas pourquoi j'ai dis OK On s'est r'trouvé dans sa maison, j'ai vu sa vie j'ai vu Manon J'ai presque rien vu dans sa chambre, j'ai senti le froid de novembre Sur le mur une photo d'son père, dans un cahier des belles histoires Qu'il écrivait pour passer l'temps, il m'les a lu les yeux brillants Paulo, Paulo, chacun porte son poids sur son dos Pour aller où, on l'sait pas trop Paulo, Paulo, Paulo le gros Paulo ... Mardi matin au tableau noir, français oral : raconter votre histoire Un doigt s'élève dans le silence, Paulo se lève, Paulo s'élance Un père pirate, une mère qui danse, une île déserte pour son enfance La chasse à l'ours dans le grand nord, un voilier blanc toutes voiles dehors L'tour du monde et une princesse, les yeux fâchés de la maîtresse Paulo se bat contre un vampire et toute la classe hurle de rire Paulo debout sur son bureau, comme un cheval au grand galop Le bois qui craque comme de raison, Paulo s'écrase de tout son long Paulo, Paulo, chacun porte son poids sur son dos Pour aller où, on l'sait pas trop Paulo, Paulo, Paulo le gros...ooo Tout est fini, il est 4 h, Paulo attend chez l'directeur Manon arrive en s'excusant, regarde son fils et dit : Viens t'en Mercredi matin dans la cours, rien n'a changé, ça crie, ça court Paulo ne reviendra jamais, déménagé à c'qui parait Je n'joue plus au ballon chasseur, j'pense a Paulo, ça m'pince le cœur Par une maille de la clôture, je m'imagine une aventure Paulo, Paulo, chacun porte son poids sur son dos Pour aller où, on l'sait pas trop Paulo ... Paulo, Paulo, chacun porte son poids sur son dos Pour aller où, on l'sait pas trop Paulo, Paulo, Paulo le gros Le gros Paulo