C’était un soir tranquille, dans les rues de ma ville La lune était pleine et belle, pourtant j’avais le cœur en chrysanthème. Sur le parvis d’la chapelle, dormaient les hirondelles Au milieu de la nuit, j’ai r’gardé défiler toute ma vie A m’entendre m’déchirer la voix, dans ces bistrots A m’r’garder dégobiller mes tripes, pour une bande de poivrots Les lampadaires s’bousculaient, dans le fracas de l’été Les voitures s’en allaient dans un faux chaos géminé Alors la nuit prit le dessus, m’offrant ainsi sa vertu Pour mieux me laissait choir, dans un effroyable jeu de miroirs Où je voyais mes mains encore, jouer si fort Toujours dans le même décor, à noyer mes remords Les ruelles étaient vides, les trottoirs m’tordaient l’bide Et au coin d’une impasse, mes pensées ont commencé leur brasse Assis sur la place du marché, dans l’ciel les étoiles s’détachaient Mon cœur battait plus vite, mes émotions prenaient la fuite Pour m’répéter une dernière fois regarde-toi! Pour m’expliquer encore une fois c’est pas pour toi! Le silence aguicheur, qui me pressait le cœur Avait trouvé la faille dans le chahut de mes représailles Il avait tout compris, lui mon meilleur ami Avec l’aide du vent, il m’a soufflé tout doucement: Va donc gueuler dans tous ces bistrots, ces quelques mots Tu verras que le monde est beau, que le monde est beau Même s’il est rempli de badauds sans opinion Même s’ils s’en font sur ton dos, tous ces patrons Y a tous ceux qui ont comme toi, besoin de tes mots Que tu t’égosilles la voix, pour lâcher leur fardeau C’était un soir tranquille, dans les rues de ma ville La lune était pleine et belle, pourtant j’avais, le cœur, en chrysanthème