Le soleil est levé, il faut déjà moins noir Je ne suis pas plus saoul que j'étais hier au soir Le vin charme la vie et nous fait perdre la raison Qui es-tu toi qui vas chantant? Qui es-tu toi qui soupires? Je suis un pénitent qui va pleurant sa vie Moi je la pleure aussi Ton destin est pieux Je pleure lorsque le vin me sort par les deux yeux Je ne bois que de l'eau C'est ça qui te rend blême Je ne fais qu'un seul repas tout le long du carême Je n'en fais qu'un aussi Tu fais donc ton devoir Je commence le matin et je finis le soir Je couche sur un grabat Moi souvent dans la rue Un homme de cet état doit être secouru Il faut céder à Dieu c'est le devoir divin J'entends quand je suis saoul qu'il faut céder au vin Pense donc qu'il faut mourir Je dois mourir à table Sans craindre l'avenir, en seras-tu capable? Je ne crains que la soif Il faut craindre la mort Comment l'appréhender, quand je suis saoul, je dors Mais quand tu seras mort Parle-moi d'autre chose On déposera ton corps dans le fond d'une fosse Oh non! tu as menti Où le déposera-t-on? Dans le fond d'une cave au travers des flacons Ton âme ira au feu J'essayerai à l'éteindre Ce feu ne s'éteint pas car il brûle sans cesse J'emmènerai du gin Ce gin te brûlera J'en boirai jusqu'au temps qu'il me rafraîchira J'enseigne à pirer Dieu Et moi, j'enseigne à boire Pour mériter les cieux crois-tu t'en faire gloire Pourquoi somme-nous donc faits? Pour mériter les cieux Et moi pour les gagner, je bois autant que deux Adieu, ivrogne, adieu! Adieu frère hypocrite Tu t'éloignes de ton Dieu pour suivre ta barrique Parmis cinq cents buveurs Insensés comme toi Je peux les condamner, ils boivent autant que moi