Dans les chantiers l'autre semaine J'ai été victime d'un accident Je me suis fais une béquille Pour aller voir tous mes parents En arrivant dans la grand' ville J'me promenais par des p'tites rues Quand je voulais parler aux filles On m'appelait le gros barbu J'me promenais par ci, par là Avec ma canne pis ma jambe de bois Et tout le monde se disait ça « Qu'il est vilain, c'te barbu-là » Un jour, je m'en vais à la danse Ah!... j'étais pas mal embêté J'ai demandé à la belle Hortense Si elle voulait m'accompagner « Vilain barbu laisse-moé tranquille » Qu'elle me répond l'air indigné « Avec ta canne pis ta béquille Tu n'es pas capable de venir danser. » Moé, j'dansais comme ci, comme ça Avec ma canne pis ma jambe de bois Et tout le monde se disait ça « Qu'il est vilain, c'te barbu-là » Mais un beau jour, je me décide Je vais voir chez ses parents Comme je le trouvais bien gentille Je lui demande bien poliment Je lui ai dit: « Chère demoiselle, Voulez-vous de moi comme époux? » Ça l'a déclenché une querelle Elle a failli me tordre le cou « Vilain barbu, gibier d'carcan Quoique tu sois chez mes parents Tu vas pourtant dégringoler Du haut en bas de l'escalier. » En bas d'l'escalier je d'égringole Me sus r'levé tout éreinté Et la police qu'est à la porte N'a pas manqué de m'arrêter Et tout le monde était inquiet Me prenait pour un vagabond Et la police avec son fouet M'a fait danser un rigodon Moé, j'dansais comme ci, comme ça Avec ma canne pis ma jambe de bois Et tout le monde se disait ça « Qu'il est vilain, c'te barbu-là »