Du ventre plat au ventre rond T'a eu l'espace d'un frisson Un bref éclair et dans ton corps un bruit d'orage Comme si sur mon cheval noir Venu du fond de ta mémoire Un Attila balayait tout sur son passage Et au bout de quelques semaines Sous la terre où sa course a fui On m'a dit qu'il t'était poussé un drôle de fruit. Et te voilà qui porte dans ton ventre Ce bout de terre que le ciel t'a planté Et qui demain comme une île flottante Dérivera, s'engloutira, t'engloutira Du ventre plat au ventre rond Y a eu cette pluie sur ton front Des cheveux bruns ébouriffés, des mains qui luttent Et puis soudain plus rien à voir T'as eu comme un trou de mémoire Un grand vertige et puis l'abîme, et puis la chute Et au bout de quelques semaines Alors que tu n'y pensais plus Tu es devenue la maison d'un inconnu Et le voilà qui bouge dans ton ventre Ce conquérant, ce soldat, ce guerrier Qui mord ta vie de sa bouche insolente Et qui demain s'échappera, t'échappera Du ventre plat au ventre rond Ne restera que son prénom Que ses copains crieront à la sortie des classes Et tu auras beau fouiller le soir Le livre ancien de ta mémoire De ce plaisir d'amour d'une heure, plus une trace Et la douleur sera lointaine Qui aura crucifié ta peau Juste avant qu'il ne dorme en paix dans son berceau Et le voilà qui torture ton ventre Enfant gâté, il trépigne déjà Et le voilà déjà qui s'impatiente Au fond de toi, pour s'en aller Là-bas, là-bas Cet enfant là, Maman, c'est moi...