Gilbert Laffaille

Sac À Dos Pataugas

Gilbert Laffaille


Au début du chemin, t'es parti un matin
Sur la route du mois d'août, auto-stop ou vélo
Aller sans aucun but, la guitare ou la flûte
Chanter où ça nous chante, pataugas, sac à dos.
T'as poussé l'aventure vers les pays d'azur
Istanbul et Kaboul, Jack Kerouac et Rimbaud.
T'es rev'nu l'âme en peine sur les bords de la Seine
Djellaba de là-bas, sac à dos, pataugas.

Plus loin sur le chemin, te voilà un matin
À la fac en cul d'sac, ethno, psycho, socio
Refaire la société et sa sexualité
T'émancipes ton audip' de Folcot et Sabot.
T'as la Bible à deux pattes, quand t'écris, tu t'éclates
Quand tu fumes, tu t'assumes et c'est pas du gâteau.
T'as même plus l'âme en peine sur les bords de la Seine
Djellaba de là-bas, sac à dos, pataugas.

Au milieu du chemin, tu t'réveilles un matin
GDB, gueule de bois au-d'ssus du lavabo
Arrêter les études, une certaine inquiétude
Pas d'réponses aux annonces si t'es pas mécano.
T'as plus d'fric, t'as plus d'clopes, plus tu rames, plus t'écopes
T'as tes potes qu'on des bottes en simili-croco.
Tu t'balades l'âme en peine sur les bords de la Seine
Djellaba de là-bas, sac à dos, pataugas.

Au bout de ton chemin, tu t'retrouves un matin
Face à face dans la glace en face de ton bureau.
Assurer son av'nir, attaché-case en cuir
Assurance la prudence, vol et dégâts des eaux.
T'as des tics d'automate, des vaisseaux qui éclatent
D'la brioche et des poches, calvitie, lumbago.
Quand tu passes près d'la Seine, tu t'revois l'âme en peine
Djellaba de là-bas, sac à dos, pataugas.