Kent

Je suis un kilomètre

Kent


Je suis un kilomètre et je suis un quartierAutour de mon nombril,Oriental de Belleville,Cuir doré du Sentier,Cadavre exquis au Père Lachaise,Remord vivant en Gare de Lyon,Saint-Martin, champion d'aviron,Saint-Denis, marchandeur de baise.Je suis dix kilomètres et je quitte la villeSur son périphériqueEn bretelles concentriques,Arène automobile,Banlieues grisâtres au sang mêlé,Petits pavillons à lucarnes,Maisons repues en bord de Marne,Aéroport dans la foulée.Je suis cent kilomètres et je suis la provinceVerte sous la carlingue,Indifférente au zinc,Souligné d'un trait mince,Paysage encore épargnéOù l'industrie fait ses besoinsEntre des prés et des sapinsEt voit l'avenir en fumée.Je suis mille kilomètres et je suis étrangerA ce que je traverse,Un objet de commerceEn devises ciblées.Je n'entends plus de gens qui causent.J'entends des sons qui s'harmonisent.J'entends des rumeurs imprécises.Je tends à m'éloigner des choses.