L'absinthe, Je vois des paysages endormis, Des forets a l'allure infinite, Des jours et des nuits qui n'en sont plus, De vastes lacs a l'eau calme et limpide ou je vois sombrer Ma peine dans un silence exquis. Le jour efface, sur mon corps endolori Infligees par l'ennui, les plais de la veille. Il me veut supporter encore, en depit du mal qui me Poursuit Son eprouvant rituel Quelle est cette force qui m'attire en ces lieux interdits? La seule ivresse ne peut etre seule maitre a ces repits, seule Maitre a ces repits... Parce que le froid, parce que le vide, le temps est un leurre Si mon corps se fane il ne cesse de porter en lui ce lourd Fardeau qu'est mon ame, Et moi qui boit la liqueur trouble, des gorgees comme des jours, Est-ce le gout de l'ennui qui l'a rendue infame? Les besoins me trainent, C'est l'envie qui me mnaque Instants exquis autant de battements de cils angeliques, Qui me nourissez d'ailleurs, Tirez-moi a jamais de ma prison de chair! Que ces marches ivres ne soient plus vaines!