Karl Ditan

Coccinelle

Karl Ditan


Un sombre fichu de dentelle
Une robe rouge à points noirs
On aurait dit une coccinelle
Lorsqu'il la vit sur le trottoir
Elle ressemblait, la pauvrette
Avec ses modestes habits, 
A la frêle petite bête
Qui vient, dit-on, du paradis
Voyant qu'elle tremblait de froid
Il lui dit alors à mi-voix

"Coccinelle, coccinelle, 
Jolie bête à bon Dieu, 
Viens te réchauffer un peu
Loin de la neige cruelle !
Je t'invite, viens ma belle
Car auprès de mon feu, 
L'amour séchera tes ailes
Coccinelle !"

On prétend que les coccinelles
Dans les maisons portent bonheur
Aussi, tout l'hiver avec elle
Il vécut un rêve enchanteur
Mais quand vint le printemps, la belle, 
Sous les rayons du soleil d'or
Sentant se dégourdir ses ailes, 
Un beau matin prit son essor
Et quand, le soir, rentra l'amant
Il l'appela bien tristement

"Coccinelle, coccinelle, 
Jolie bête à bon Dieu, 
Tu quittes ton amoureux, 
Reviens, ne sois pas cruelle !
Prends garde au soleil, ma belle, 
Prens bien garde à tous ses feux !
L'amour brûlera tes ailes
Coccinelle !"

Le temps passa mais quand les feuilles
Vinrent à tomber de nouveau
A l'époque où les jours s'endeuillent, 
Où meurent les petits oiseaux
Elle revint dans la chambrette
Où l'amour les avaient unis
Voulant revivre l'amourette
Mais hélas ! C'était bien fini, 
Coccinelles et papillons
Vivent à peine une saison

"Coccinelle, coccinelle, 
Jolie bête à bon Dieu
Tout ira à ton amoureux
Je t'aime encore, infidèle"
Mais la pauvre âme si frêle
S'envole vers les cieux, 
L'amour a brisé tes ailes
Coccinelle !