Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale Au cimetière étrange de Lofoten L'horloge du dégel tictaque, lointaine Au cœur des cercueils pauvres de Lofoten Et grâce aux trous creusés par le noir printemps Les corbeaux sont gras de froide chair humaine Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant Le sommeil est doux aux morts de Lofoten Je ne verrai très probablement jamais Ni la mer, ni les tombes de Lofoten Et pourtant, c'est en moi comme si j'aimais Ce lointain coin de terre et toute sa peine Fous disparus, fous suicidés et vous lointaines Au cimetière étranger de Lofoten Ce nom sonne à mon oreille, étrange et doux Vraiment, dites-moi, dormez-vous ?, dormez-vous ? Tu pourrais me conter des choses plus drôles Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine Des histoires plus charmantes ou moins folles Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten Il fait bon. Dans le foyer, doucement traîne La voix du plus mélancolique des mois Ah ! Les morts, y compris ceux de Lofoten, Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi