Juliette Noureddine

La vengeance

Juliette Noureddine


Où que tu ailles, traître, 
Je te retrouverai
Derrière ta fenêtre
Je te reconnaîtrai
Et tu peux te cacher
Tu peux te faufiler
Laver tes mains tachées
Mais à l'heure qu'il est
Tu dois te réfugier
Dans une rue obscure
Ou bien te marier
Derrière une tenture
Mais moi, je te le dis
Je te retrouverai
Puisque tu m'as trahie
Ô traître, je t'aurai
Je t'aurai, je t'aurai !

Si seules les montagnes
Ne se rencontrent pas
Du haut de ma montagne
J'entends déjà tes pas
Et j'ai bu tous tes mots
J'ai cru toutes tes phrases
Pour prendre un grand seau d'eau
En travers de la face
Où que tu ailles, traître, 
Je te retrouverai
Même si tu t'es fait prêtre
Je te reconnaîtrai
Et alors, ce jour-là
Je plongerai ta tête
Et tes pieds dans le plat
Je te ferai ta fête
Ta fête, ta fête !

Et tu peux ricaner
Sous la cape du soir
Vautrer ta destinée
Aux ruisseaux des trottoirs
J'irai trouver le diable
Et, si il le fallait, 
Je mangerai à sa table
Pour jeter le filet
Qui te prendra le bras
Et le corps, et les pieds
Et alors, ce jour-là
À mon tour, je rirai
Je te ferai manger
Tout nu dans les banquets
Avec, à mes côtés, 
Toutes les belles du quartier, 
Du quartier !

Et je te ferai boire
À tomber ivre mort
Le vin de ma mémoire
Et puis que sais-je encore
Et quand tu s'ras bien saoul
J' te chanterai une chanson
Qui vaudra pas un clou
Qui vaudra pas un rond
Et puis, je partirai
J'aurai le cœur léger
Car, dans le matin frais, 
Je t'aurai égorgé
Égorgé !

Où que tu ailles, traître, 
Je te retrouverai.