Joyeux Urbains

Mon P'tit Vieux

Joyeux Urbains


Deux p'tits vieux rongés par le deuil
Bien calés au fond d'leurs fauteuils
Sont devant un vieux bâtiment
Plein d'autres gens qui n'ont pas plus de dents
Y s'connaissent depuis qu'y sont gamins
Ils s'engueulent et chipotent pour un rien
Sur la marque de leur première bagnole
Du temps où ils avaient des guiboles

Ils se rappellent mutuellement
D'pas oublier leurs médicaments
De peur que l'autre se mette à clamser
Parc'qu'il aurait pas pris ses dragées
S'ils ne sont pas morts à Verdun
Ce s'rait bête de crever pour un rien
Même s'ils savent que si ils oubliaient leurs pastilles
Ça soulagerait la famille

Ils parlent un peu de leurs épouses
Qu'ils ont connus en 1912
Ils parlent beaucoup de leurs chaussettes
Qui, elles, sont mortes en 87
Ils évaluent chaque infirmière
P'tite poitrine, beaux mollets, gros derrière
Comme avant comme dans les années folles
Du temps où ils avaient des guiboles

Te souviens-tu des jours heureux
Quand nous marchions tous les deux?
Te souviens-tu des jours heureux?
Mon p'tit vieux