Jean Guidoni

Chanson Pour Le Cadavre Exquis

Jean Guidoni


Je ne croyais plus pouvoir aimer un être humain 
Avant que je n'ai vu sous la lumière verte 
Tes longs cheveux dorés et ta poitrine ouverte 
Il en est tant passé de corps entre mes mains 
Mais j'ai compris que toi sans que nul ne l'apprenne 
Tu serais l'être enfin que je pourrais chérir 
Et qu'en toi jusqu'au jour je jouirai à mon tour 
A mourir de plaisir avant qu'ils ne te prennent 

Notre roman d'amour 
On n'en doit pas parler 
Est-ce encore de l'amour 
Que de l'amour volé 
Ecartelé 
Au lit de fer chromé 
On n'en doit pas parler 
Nul ne doit en douter 
Et nul ne le saura 
Pas même toi! 

Ta vie est dans ce seau avec ton coeur aimant 
Je ne sais rien de plus je ne veux pas savoir 
Qui tu étais hier et que put décevoir 
Ton pauvre coeur crevé par un quelconque amant 
Car j'aurais beau te prendre à t'en anéantir 
Explorer tous les plis de ton corps évidé 
Ses mille et un méandres aux couleurs d'orchidées 
Ton corps restera froid comme celui des martyrs 
Notre roman d'amour 
On n'en doit pas parler 
Est-ce encore de l'amour 
Que de l'amour vidé 
Raccommodé 
Aux draps de toile cirée 
On n'en doit pas parler 
Nul ne doit s'en douter 
Et nul ne le saura 
Pas même toi! 

Je t' ouvre je te force je t'assassine encore 
Je te traite en esclave je te traite en putain 
J'oblige à l'infamie ton sourire incertain 
Pourquoi me réfréner puisque tu n'es qu'un corps? 
Quel est ce monstre en toi? Me disent tes yeux sombres 
Que puis-je te répondre: c'est ma façon d'aimer 
D'autres courent dans la nuit comme des affamés 
Moi je ne viole personne je ne pollue qu'une ombre 

Demain je recoudrai tes blessures ouvertes 
Je fermerai tes yeux comme font ceux qui croient 
Tes mains que je profane étreindront une croix 
Je te ramènerai sous la lumière verte 
Demain il sera temps pour l'indifférent qui 
Pleurera sur ton sort pour ta pieuse famille 
Il sera temps demain que je te remaquille 
Après m'être gorgé de ton cadavre exquis