Jean Guidoni

Alors Je Me Suis Assis (N°2)

Jean Guidoni


Alors je me suis assis sur le banc noir 
Et j'ai regardé autour de moi 
Ce lieu que je pouvais reconnaître 
Et qui, maintenant, aujourd'hui, me semblait si proche, 
Familier, presque amical, et comme si depuis toujours comme cela, 
Moi, ici, les choses étaient inscrites et décidées, sans doute, 
Allant de soi, ici, 
Moi seul, perdu mon sort fixé, 
Mon pauvre destin classifié et évidant des liens soudain si lisibles, 
Si raisonnablement tendus entre mes pensées et mes actes manqués 
Ma vie et ta mort, 
L'amour et le regret, 
A la façon des ces trops claires déductions 
Dont je riais lorsqu'elles intervenaient à point nommé 
Pour donner un peu de logique au final obscure d'un de ces films policiers que j'aimais, 
Mais dont je n'aurais jamais pu penser que le scénario, tout à coup, 
Ressemblerait à tant à cette histoire-là, 

Notre histoire, aussi gris, aussi banal qu'elle, et qui, cependant 
Je crois pouvoir m'en souvenir recèlait l'image belle et mystérieuse, 
Inexplicable et pourtant décisive, d'un placard aux portes ouvertes 
Et encore, d'un lit bien fait dans une chambre claire, 
L'un et l'autre illuminés par une simple paire de draps blancs