Une fois, terrassé par un puissant breuvage, J'ai rêvé que parmi les vagues et le bruit De la mer je voguais sans fanal dans la nuit, Morne rameur, n'ayant plus l'espoir du rivage L'océan me crachait ses baves sur le front, Et le vent me glaçait d'horreur jusqu'aux entrailles, Les vagues s'écroulaient ainsi que des murailles Avec ce rythme lent qu'un silence interrompt Puis tout changea La mer et sa noire mêlée sombrèrent Sous mes pieds s'effondra Le plancher de la barque Et j'étais seul dans un vieux clocher, Chevauchant avec rage une cloche ébranlée, J'étreignais la criarde opiniâtrement Convulsif et fermant dans l'effort mes paupières, Le grondement faisait trembler les vieilles pierres, Tant j'activais sans fin le lourd balancement. Pourquoi n'as-tu pas dit, ô rêve, où Dieu nous mène ? Pourquoi n'as-tu pas dit s'ils ne finiraient pas L'inutile travail et l'éternel fracas Dont est faite la vie, hélas, la vie humaine ?