La vie d'aujourd'hui Est une tartine d'ennui On court, on piétine On s'abîme la mine Chaque jour, il faut Boire son café, lire les journaux User de combines Pour prendre le métro Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Faut déjeuner en cinq secs Sans même mâcher son bifteck, Faire ses affaires d'arrache-pied, Dormir d'un œil ou sur un pied Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Notre front pâlit sans même un pli Car, c'est un fait à r'marquer, On n'a même plus l' temps de plisser ! Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Les femmes, c'est pareil, Leur folie commence au réveil J' vois bien ma pauvre femme Chaque jour, quel programme ! Manucure, masseur, La mise en plis chez le coiffeur, Magasins, réclames Le bal des danseurs Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Prises de m'sures chez l' couturier, Le pédicure qui prend son pied, Le dentiste qui prend ses dents, Mon ami Jacques qui prend l' restant ! Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Le cinéma qui lui fout l' coup d' buis Comme, le soir, elle est sur l' flanc, Chez la voisine, j' fais mes enfants Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Et, dans vingt-cinq ans, Ce s'ra encore plus effrayant Tout s'ra mécanique Ça d'viendra comique L' doigt sur un bouton, Vlan, ça r'tirera notre pantalon Un signe électrique Mettra nos chaussons Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit ! Démodées s'ront les autos, On aura son avion cinq ch'vaux, Dans la poche de son gilet La TSF au grand complet. On naîtra l' mardi sur les midi On aura vieilli dès l' mercredi On mourra sans avoir l' temps D'assister à son enterrement Ah ! Quelle vie, quelle vie, quelle vie qu'on vit !