Jean Ferrat

Les Nomades

Jean Ferrat


Ils sont nés près de BarceloneIls ont grandi en AustralieIls se sont aimés à ParisMais ils s'en vont encore d'iciLes NomadesIls ont habité la roulotteLes quatre planches qui cahotentDe Saint-Ouen aux Saintes-MariesMais ils s'en vont encore d'iciLes NomadesNi la couronne d'orangerNi la cheminée de faux marbreNe leur mettent racine au piedIls ne sont pas comme les arbresLes NomadesIls vont toujours de ville en plaineIl n'y a rien qui les retienneEux c'est la route qui les mèneEn dimanche comme en semaineLes NomadesIls ont eu froid comme personneIls ont chanté mieux que nous tousMais c'est la route qui les pousseAvec des fifres à leurs troussesLes NomadesQu'ils soient venus du fond des âgesTous les gitans, tous les tziganesUn violon leur a brisé l'âmeIls en gardent parfois des larmesLes NomadesNi la peur de mourir un jourDans quelque ville frontalièreSans tenir la main d'un amourNe les arrête sur la terreLes NomadesEt quand on voit sous les platanesPasser les mulets et les ânesOn a beau être des profanesOn voudrait suivre la caravaneDes Nomades