Jean Ferrat

Le bureau

Jean Ferrat


Ils ne savent pasPourquoi ils attendentIls voudraient partirIls restent làLeur vie se dévideA l'amble ou au pasUn jour une rideOù blesse le bâtL'écho d'un soupirL'ombre d'une joieLa chance à venirQui ne viendra pasAssis sur leur chaiseDerrière leur bureauComme un long malaiseQui colle à la peauLes jeunes les vieuxLes garçons les fillesOnt les mêmes yeuxPâles de vanilleD'avoir trop fixéD'un regard glacéLa pendule lenteSur six heures trenteLeur vie s'achemineVers on ne sait quoiComme un bout de rimeQui ne rime pasAssis sur leur chaiseDerrière leur bureauComme un long malaiseQui colle à la peauEt puis quelquefoisLas de trop attendreL'un d'eux tout à coupHurle comme un loupIls ne savent pasCe qu'il faut comprendreChacun le regardeVaguement jalouxOn croit qu'il divagueOn dit qu'il est fouEt s'éteint la vagueAvec le remousOn donne sa chaiseEt son porte-manteauUn long soupir d'aiseMonte du bureau