Fanon Maurice

Le testament

Fanon Maurice


J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant
J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament

Je lègue à ma première femme
A celle qui n'a rien compris
Et qui a passé par les armes
Ma virginité de conscrit
A celle que je voulais faire
Maréchale de mes logis
Et qui ne valait pas plus cher
Qu'un adjudant de compagnie
A celle qui fut la culasse
De tous les fusils du quartier
Je lègue mon cœur de bidasse
Et le morpion de l'amitié

J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant
J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament

Je lègue à ma seconde femme
Celle qui n'a pas attendu
Pour faire usage de ses charmes
Dans les bras du premier venu
Que j'ai le coeur un peu moins tendre
Pour lui foutre mon pied au cul
Ce qui est beau pour la vertu
Comme on le dit dans nos campagnes
En souvenir de cette larme
Que j'ai versée à son insu
Je lègue à ma seconde femme
Mon petit chapeau de cocu

J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant
J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament

Je lègue à ma dernière femme
Celle qui n'a jamais rien dit
Quand je rentrais chez elle en larmes
D'avoir trop bu, d'avoir trop ri
A celle qui m'ouvrait son âme
En ouvrant les draps de mon lit
Celle qui fut ma Notre-Dame
Ma Mer du Nord et mon Midi
A celle qui fut mon chemin
Entre le vice et la vertu
Je lègue mon dernier refrain
Lorsque mes yeux se seront tus

J'crois bien notaire, qu'il faut te lever maintenant
J'veux boire un verre, à la santé de "Maman"