Eugénie Buffet

La Sérénade Du Pavé

Eugénie Buffet


Si je chante sous ta fenêtre, 
Ainsi qu'un galant troubadour 
Et si je veux t'y voir paraître, 
Ce n'est pas, hélas, par amour. 
Que m'importe que tu sois belle, 
Duchesse, ou lorette aux yeux doux 
Ou que tu laves la vaisselle, 
Pourvu que tu jettes deux sous. 

Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai si souvent chanté. 
Ton offrande est la bienvenue. 
Fais-moi la charité. 
Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai si souvent chanté. 
Devant moi, devant moi, sois la bienvenue. 

L'amour, vois-tu, moi, je m'en fiche. 
Ce n'est beau que dans les chansons. 
Si quelque jour, je deviens riche, 
On m'aimera bien sans façon. 
J'aurais vite une châtelaine 
Si j'avais au moins un château 
Au lieu d'un vieux tricot de laine 
Et des bottines prenant l'eau. 

Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai si souvent chanté. 
Ton offrande est la bienvenue. 
Fais-moi la charité. 
Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai si souvent chanté. 
Devant moi, devant moi, sois la bienvenue. 

Mais ta fenêtre reste close 
Et les deux sous ne tombent pas. 
J'attends cependant peu de choses. 
Jette-moi ce que tu voudras. 
Argent, pain sec ou vieilles hardes, 
Tout me fera plaisir de toi 
Et je prierai Dieu qu'il te garde 
Un peu mieux qu'il n'a fait pour moi. 

Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai souvent chanté. 
Ton offrande est la bienvenue. 
Fais-moi la charité. 
Sois bonne, ô ma chère inconnue 
Pour qui j'ai si souvent chanté. 
Devant moi, devant moi, sois la bienvenue.