Charles Trénet

La java des scaphandriers

Charles Trénet


Pour chercher une épave,Ça, bien des gens le savent,Il faut descendre aux fins fonds de la mer, à pied.C'n'est pas la mer à boire.C'est un' petite histoireMais simplement, il faut être scaphandrier.Allons mes amis, quittez les Champs-Élysées.Prenez vos habits imperméabilisés.Z'yeux dans les yeux, boîte à air contre boîte àair,On se dit des chos's tendres.On est heureux, tous les deux, au fond de la mer,Chacun dans son p'tit scaphandre,Scaphandrier enlaçant sa scaphandrièreN'ont que l'désir de se prendreUn p'tit bécot sans peur de s'marcher sur les piedsTout en dansant la Java des scaphandriers.Gigolos, Gigolettes,S'en vont à l'aveuglette.Les amoureux cherchent les coins les plus ombreux.Gentiment, on se pousse.On roule sur la mousse.Un gros poisson nous regarde avec des veux ronds.En se promenant on va jusqu'à Chicago, oh !On voit des trésors : perles, diamants, lingots...Z'yeux dans les yeux, boîte à air contre boîte àair,On se dit des choses tendres :"T'es mon cyclop, ma Nana chérie, mon Prosper.Viens donc, je n'peux plus attendre.Ta robe blanche et ta jolie fleur d'orangerIront-ils sur ton scaphandre ?Moi, mon smoking est toujours chez le teinturier...Alors, tant pis on s'marie en scaphandriers."Un jour, c'est tout un drame.Non mais voyez... MadameQui se promèn' dans les bras de son gigolo, oh ?Alors, fou de colère,Oubliant qu'il est père,Le pauvr' mari fait un bond jusqu'au fil de l'eau.Il va se venger, ah, ça va leur coûter cher.D'un geste enragé, il brise... la pompe à air...Z'yeux dans les yeux, la Nénette et le grand JulôtN'arrivent pas à comprendrePourquoi soudain, ils n'respirent plus... que de l'eau,Chacun dans son p'tit scaphandre.Tandis qu'là-bas on arrête le meurtrier,Qui gentiment se laiss' prendre...Nénett' Julôt sont morts sans même avoir crié...Tout en dansant la Java des Scaphandriers.