Charles Trénet

En quittant une ville, j'entends

Charles Trénet


Dans le train de nuit, y a des fantômes
Qui me sourient quand nous passons sur les prairies
Dans le train de nuit, y a des royaumes
Et puis du bruit et puis Paris au bout de la nuit
Les souvenirs si tendres
Viennent s'y faire entendre
J'entends la voix des flots enchanteurs
Qui font au fond de mon cœur des sérénades
J'entends le triste appel des bateaux
Et la chanson des oiseaux sur l'esplanade
Voici le ciel peuplé de ses moutons blancs
Voici la mer troublée, spectacle troublant
J'entends la ville qui me dit bonsoir
Et moi, sur le quai de la gare
Je dis de mon mieux des mots d'adieu

Dans le train de nuit, y a des visages
Des yeux rêveurs, des cheveux blonds, des cheveux fous
Dans le train de nuit, le paysage
C'est du brouillard qui va danser dans l'air très doux
Chantent sur la rivière
Les ombres familières
J'entends les mots de nos rendez-vous
Le tu remplace le vous
C'est la campagne
J'entends claquer ton pas dans la rue
Quand le jour a disparu
Je t'accompagne
Voici les prés, les bois
Près de moi, tu bois
Voici la ville qui dort
Dans son rêve d'or
J'entends ta voix trembler de bonheur
Et j'entends battre ton cœur
Adieu, beaux jours
Adieu l'amour