Là-bas dans le pré plein de marguerites Comme un grand billard mangé par les mites On voit un tableau, tableau sans pareil Un fil qui brille au soleil Puis au milieu des poteaux qui penchent Tendue sur le fil, la lessive blanche Les mouchoirs s'agitent et les pantalons S'en vont frôler les jupons Sur le fil, il y a des chemises Sur le fil, gonflées par la brise Sur le fil, les caleçons, les chaussettes, les chaussons Sur le fil, dansent, dansent, dansent Sur le fil, dansent, se balancent Les oiseaux chantent l'avril Et l'amour loin d'la ville Sur le fil Mardi sur la place au milieu des flaques La fête est venue avec ses baraques Le cirque a planté son grand chapiteau Et ce soir, là tout là-haut Sur un fil tendu par-dessus les têtes Glisse la danseuse en robe à paillettes Le vide la guette, le vide l'attend Et moi j'ai l'coeur palpitant Sur le fil, dans un rayon blême Sur le fil, c'est elle que j'aime Sur le fil, sans émoi, elle avance et je vois Sur le fil, comme une aile frêle Sur le fil, sa petite ombrelle Qui maintient immobile mon amour si fragile Sur le fil Voyez les cochons en vrai pain d'épices Les ponts suspendus sur les précipices Les ballons captifs, les pantins dociles Tout ça ne tient qu'par un fil Au fil de nos jours, se tisse l'année Le long de son fil, glisse l'araignée On me téléphone, une amie en ville Me demande au bout du fil Sur le fil, toute la vie se joue Sur le fil, se noue se dénoue Et j'ai mis dans le pré mes espoirs à sécher Sur le fil, dans mille ans peut-être Sur le fil, sans valet ni maître Mon fantôme dansera-t-il ? transparent et subtil Sur le fil Mon fantôme dansera-t-il ? transparent et subtil Sur le fil