Elle était là tout près Son rire cristallin Bruissait au fil des pages De mes livres d'école Elle parlait d'amitié Eternelle et sans faille Comme si de rien jamais Devait nous séparer Nous avions l'âge de nos poupées Et nous jouions à chat perché Elle était là tout près Allongée sur mon lit La brume de ses cheveux S'entremêlant aux miens Ses bras de porcelaine S'abandonnaient aux draps J'étais neuve et fragile Etrangement vaincue Nous avions l'âge de nos vingt ans Et nous jouions à faire semblant Elle était là tout près Désarmant ses contours Je fouillais ses trésors Aux charmes transparents Elle collait à ma peau Comme l'abeille au miel Vertige de l'absence De l'homme tant aimé Nous étions d'un âge avancé Et nous cherchions à nous calmer Elle n'est plus là tout près J'ai renversé le temps De la divinité Toutes griffes rentrées J'invoque mes démons Aux lumières éclatées Pour laisser place nette À l'homme tourmenté Nous n'avons plus d'âge ni mémoire Nos chemins se sont séparés Elle n'est plus là tout près J'ai le corps enchaîné À l'homme du présent Et de mon devenir J'ai plié le genou Sans jamais courber l'âme Ferme les yeux amour Et trouve le repos J'ai traversé des nuits d'orages Pour n'être plus qu'à mon image